Annie Genevard, député (LR) du Doubs et vice-présidente de l’Assemblée nationale, a demandé le 19 mars la création d’une mission d’information sur la multiplication des actes antichrétiens.
Quel est le déclic qui vous a conduite, avec Philippe Gosselin, député (LR) de la Manche, à réclamer la création d’une mission d’information à l’Assemblée nationale ?
Annie Genevard : J’ai été particulièrement frappée par l’incendie qui a touché l’église Saint-Sulpice le 17 mars, provoquant des dégâts estimés à près d’un million d’euros. Des éléments patrimoniaux irremplaçables ont été détruits. Deux semaines auparavant, c’était la basilique de Saint-Denis, la nécropole de rois de France, qui subissait des actes de vandalisme. On assiste donc à une succession de faits très préoccupants, mais relativement passés sous silence, pour des raisons que je ne m’explique pas. Pour le seul mois de janvier, on a enregistré environ deux actes antichrétiens par jour !
Quel rôle cette mission d’information serait-elle appelée à jouer ?
Il m’a semblé nécessaire de comprendre le phénomène en disposant d’informations fiables et précises. De nombreuses questions se posent. S’agit-il d’actes de vandalisme indistincts ou bien le christianisme est-il spécifiquement ciblé ? Si oui, pourquoi ? Quelle est la nature des inscriptions injurieuses que l’on trouve bien souvent ? Si les auteurs ont été interpellés, quel est leur profil ? S’il apparaît au terme de la mission qu’il s’agit par exemple de motivations satanistes, cela nous dira quelque chose de très important sur notre société, et notre jeunesse en particulier. Mais à ce stade, nous abordons le sujet de manière purement factuelle, en refusant toute tentation de concurrence victimaire. Il s’agit donc d’un véritable travail d’investigation qu’il serait pertinent de confier à une mission associant la commission des affaires culturelles, dont je suis membre, et la commission des lois, dont mon collègue Philippe Gosselin est le vice-président.
Cette mission d’information, si elle voit le jour, a aussi pour objectif d’identifier des moyens de protection des édifices chrétiens, une fois le phénomène correctement documenté…
Je viens d’un territoire très catholique, le Haut-Doubs, parfois surnommé la « petite Vendée ». Notre territoire est jalonné de très belles églises baroques, riches d’un mobilier très important. Beaucoup d’objets y ont hélas été dérobés. Dans l’église de Morteau, commune dont je fus maire jusqu’en 2017, nous avons eu à déplorer la disparition d’une magnifique colombe en ivoire qui surmontait la chaire du XVIIIe siècle. Depuis cette vague de vols, certains édifices ont été mieux protégés. On y a placé sous vitrines sécurisées les chasubles, les ciboires ou les ostensoires. D’autres ne sont désormais ouverts qu’à la demande, par des responsables identifiés. On protège bien nos musées, or nos églises sont des musées vivants, ouverts à tous et gratuits !